La Nouvelle-Calédonie, un territoire autonome sur la transfusion et la greffe de rein.
Si l’éloignement du CHT de Nouméa peut sembler être un réel défi pour le corps médical, c’est grâce à cette situation géographique qu’il dispose de nombreux équipements de pointe. Sur un territoire de seulement 270 000 habitants, le CHT assure une expertise locale dans de nombreux domaines, comme la transfusion et la greffe. Traiter des cas parfois uniques avec des équipements performants, c’est ce qui rend le travail des praticiens hospitaliers passionnant.
Le Docteur Maxime Raz, Biologiste médical et praticien hospitalier au sein du Service de Transfusion Sanguine du CHT, nous a ouvert les portes du laboratoire pour nous en dire plus sur la réalité du terrain.
Un territoire autonome sur la greffe de rein.
Le laboratoire d’histocompatibilité (HLA) du CHT accompagne les équipes de greffe pour étudier la compatibilité entre un organe et son receveur avant et après la greffe. Pour garantir la sécurité immunologique lors d’une transplantation, le laboratoire recherche les anticorps responsables du rejet de greffe, ce qui permet d’optimiser la durée de vie des organes greffés et de limiter les risques liés à la greffe.
La technologie LABScan3D ou Luminex adaptée aux anticorps anti HLA
Cette technologie Luminex est la plus performante actuellement pour la recherche d’anticorps anti-HLA, avec une sensibilité et une résolution beaucoup plus élevée qu’avec les méthodes cellulaires et sérologiques classiques. Les nombreuses données générées par cet automate permettent une détection très précise des anticorps même présents en faible quantité.Un centre de transfusion complet sur place.La durée de conservation des produits sanguins est la principale difficulté pour la gestion d’une banque de sang, c’est pourquoi un transfert de produits sanguins depuis la métropole n’est pas envisageable. Le centre de transfusion du CHT permet aux praticiens de travailler en autonomie, puisque toutes les étapes de préparations et de sélection sont réalisées en interne. « Le biologiste se sent acteur à chaque étape du processus, » explique le Dr Raz.
Le Diagnostic Génomique Viral (DGV) pour la qualification des produits sanguins et des organes.
Le DGV permet de dépister des agents transmissibles dont les virus des hépatites B et C (VHB VHC) et le HIV. En une seule réaction, on cherche les trois virus. Les méthodes de biologie moléculaires détectent les acides nucléiques (ADN et ARN) avec une extrême sensibilité. Associée à des algorithmes, cette méthode, permet de sécuriser au maximum les flux. Il est rare de trouver ce type d’équipement en dehors du cadre de l’Etablissement Français du sang (EFS) et du Centre de Transfusion des Armées (CTSA). La pluralité des équipements permet également aux équipes d’être polyvalentes.
La forte transversalité pour toutes les équipes.
Biologistes, Infirmiers, Médecins de prélèvements, Cadre de service, Techniciens de laboratoires : toutes les professions au laboratoire du CHT ont la chance de travailler en mode projet sur de nombreuses problématiques. Les équipes se rapprochent pour résoudre les problèmes et faire avancer le laboratoire. « La forte transversalité des équipes et la fréquence des cas intéressants renforcent l’intérêt des praticiens du CHT, » déclare le Dr Raz.
Participer activement à la recherche scientifique et technologique
Le rôle d’un biologiste au CHT, c’est aussi d’assurer une veille technologique et de mettre en place de nouveaux procédés au laboratoire. Les cas rares et les spécificités locales liés à la diversité génétique de la population Calédonienne sont des facteurs extrêmement enrichissants pour les équipes.
La coordination avec la zone Pacifique et la métropole
Avec des groupes sanguins et tissulaires parfois très rares dans le reste du monde, il peut être complexe de transfuser ou de greffer certains patients. De cette difficulté est née une collaboration avec les pays voisins, comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, ou Tahiti, avec qui il est possible d’échanger sur des problématiques spécifiques. « La répartition des groupes sanguins et tissulaires est différente sur le continent européen, il nous arrive de découvrir un gène qui n’a jamais été décrit auparavant, » précise le Dr Raz.